Le blues entre noirs et blancs

Le blues entre noirs et blancs Itinéraires chronologiques

La guerre a mêlé les Américains de toutes couleurs, dans la bataille, la souffrance, la mort et la victoire. La ségrégation raciale qui sévit toujours dans le Sud apparaît alors encore plus odieuse, anachronique et facteur de sous-développement. Mais les résistances locales au changement sont fortes et violentes.

A partir de 1954, ce sont les Eglises noires qui mènent le combat pour la fin de la ségrégation. Le pasteur Martin Luther King, qui prend Gandhi pour modèle et prône la révolte pacifique (boycott, éducation, inscription sur les listes électorales, manifestations non-violentes), se révèle comme le grand leader de ce mouvement, d’abord balbutiant mais qui engendre victoire sur victoire et reçoit le soutien massif des jeunes Nordistes puis des Présidents des Etats Unis, Kennedy et Johnson. En 1967, le Mississippi et le Texas sont les deux derniers Etats à abolir les lois raciales.

Une nouvelle société africaine américaine est née de cette lutte qui rejette tout le passé du peuple noir américain jugé humiliant. Le blues, chanson née de et par la ségrégation, disparaît des grandes radios noires. Une nouvelle musique populaire se met en place, dérivée du Gospel, la Soul (James Brown, Otis Redding).

Mais, parmi les jeunes Nordistes, un fort engouement pour les musiques sudistes les plus traditionnelles est à l’oeuvre qui débouche, au début des années 1960, sur le folk boom et sur le blues revival. Les vieux bluesmen, jouant acoustique de préférence, sont soudain “redécouverts”, apparaissent à l’affiche de festivals folk (Newport) devant des auditoires importants, tous Blancs, Nordistes et jeunes et enregistrent à nouveau des disques. Mississippi John Hurt, Mance Lipscomb, Skip James, Son House, Fred Mc Dowell, Furry Lewis, Gary Davis etc… jouissent d’une forte popularité et leurs blues influencent considérablement de jeunes musiciens nordistes (John Hammond, Bob Dylan…) qui, à leur tour enregistrent des disques à succès et répandent le blues dans le monde entier.

Quant aux bluesmen noirs qui veulent continuer à jouer leur musique pour les communautés noires sudistes et en retirer un profit, ils doivent de plus en plus marier leur blues aux sonorités des nouvelles musiques populaires noires (Soul, Funk, Disco…) (Albert King, Bobby Rush).

Texte : Gérard Herzhaft / Blues sur Seine / Conseil Général des Yvelines.
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