Chicago, la capitale du blues

Chicago, la capitale du blues Itinéraires chronologiques

Chicago a connu une intense scène du blues dès la fin des années 1920.

Destination souvent ultime de la migration Sud Nord, grande ville dotée très tôt de studios d’enregistrement, quartiers noirs parsemés de bars et de cabarets… A Chicago, le blues prend un nouvel essor durant et après la Deuxième Guerre avec un afflux massif de Noirs venus du Mississippi et de l’Arkansas.

Ils apportent avec eux le Delta blues au rythme hypnotique qui se mêle très vite au Bluebird blues orchestral et le transcende, engendrant un blues électrique rude, profond, plein d’émotion qui reflète parfaitement le bouillonnement des ghettos noirs surpeuplés, South Side puis West Side, de l’atmosphère échevelée de Maxwell Street, ancien quartier des migrants Juifs (Jew town), grand marché en plein air, sorte de Mississippi de béton et de bitume.

Les bluesmen qui créent ce nouveau Chicago blues deviennent les idoles de ces ghettos: Muddy Waters, Howlin’ Wolf, Sonny Boy Williamson (Rice Miller), Elmore James, Little Walter. Venus du Sud Profond, ils y sont aussi adulés et leurs disques se vendent tout au long de cet axe Mississippi-Chicago, modifiant aussi fortement les blues joués dans le Sud.

Au milieu des années 1950, les espoirs déçus, les conditions très dures de la vie dans les usines et les ghettos engendrent une nouvelle génération de jeunes bluesmen, Buddy Guy, Otis Rush, Magic Sam qui ajoutent à la puissance du Chicago blues une urgence dramatique considérable, avec des influences venues du Gospel, l’omniprésence de la guitare électrique soliste (avec comme modèle B.B. King devenu une énorme vedette) et des textes souvent très pessimistes. Appelé West Side Sound, ce nouveau Chicago blues est encore celui que l’on pratique le plus souvent dans la Windy City, devenue un peu la “capitale du blues”.

Texte : Gérard Herzhaft / Blues sur Seine / Conseil Général des Yvelines.
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