Les racines religieuses et commerciales du blues

Les racines religieuses et commerciales du blues Itinéraires chronologiques

Dès l’esclavage, les Africains sont convertis au christianisme. Bien que des survivances religieuses africaines imprègnent fortement leur nouvelle foi, les esclaves noirs deviennent vite de fervents chrétiens.

Les Eglises noires, dès l’esclavage mais encore davantage après son abrogation en 1865, sont un lieu de rassemblement qui, sous la direction de pasteurs noirs qui s’affirment comme leurs leaders, élabore une véritable société africaine-américaine, croyances, morale, culture. Et, bien sûr, la création d’une musique religieuse qui s’appuyant sur la Bible et les enseignements des Méthodistes, devient “Negro Spirituals” avant d’être “Gospel”.. A partir de 1880, des prédicateurs itinérants, souvent des handicapés inaptes aux durs travaux des champs, chantent l’Evangile en s’accompagnant d’un instrument en échange du gîte et du couvert. Le blues puise une partie importante de ses origines dans ces courants musicaux religieux et sera presque toujours un texte avec une morale finale, une sorte de “sermon profane”

Dans la société sudiste post-esclavagiste, apparaissent aussi différentes formes de spectacles musicaux, le plus souvent itinérants, qui présentent toujours des parties musicales jouées et chantées: le théâtre de Vaudeville (music hall américain), les medicine shows, spectacles destinés à faire vendre un élixir miracle, fêtes populaires et kermesses avec toujours des concours de folk songs et de virtuosité instrumentale. Les Noirs y sont abondamment représentés. Enfin, des chansonniers (Songsters) parcourent aussi le Sud en duo ou en solo, dansant, chantant, jouant des folk songs qui, interprétés par des songsters noirs, relatent les exploits de héros noirs qui valorisent l’auditoire.

C’est très vraisemblablement parmi ces songsters, professionnels itinérants, que se crée une nouvelle forme de folk song africain américain, le blues, qui, contrairement aux autres folk songs qui content presque toujours l’histoire d’un autre, prend la parole à la première personne et dit “je” pour relater la vie des Noirs dans une société ségrégationniste où les Africains Américains n’ont pas la parole. Bientôt, certains songsters ne chantent plus que ces nouveaux blues. On les appelle alors des bluesmen.

Texte : Gérard Herzhaft / Blues sur Seine / Conseil Général des Yvelines.
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