Les instruments du blues

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La guitare est presque l’instrument emblème du blues. Rare dans les Etats du Sud avant la fin du XIXème siècle (et longtemps considéré comme un instrument de pauvres), la guitare – pratique, transportable et de possibilités bien plus larges que le banjo ou le violon (fiddle) qui étaient jusqu’alors les instruments favoris des musiciens ruraux – est devenue la compagne obligée des musiciens itinérants au moment où s’est développé le genre blues. Son essor est très lié à la popularité des musiciens hawaïens qui, formidables virtuoses, se produisent partout dans le Sud et enregistrent des milliers de disques (Sol Hoopii).

La guitare est jouée très différemment selon les musiciens et selon les régions: en simple battement sur des accords (strumming) dans le Delta, avec tous les doigts de la main gauche qui décomposent les accords note par note dans un tourbillon de notes (fingerpicking) dans le Piémont appalachien; note par note avec un plectre au Texas, cette façon ouvrant la voie au jeu moderne de guitare électrique si répandu aujourd’hui dans le jazz, le rock et bien sûr le blues. (Lonnie Johnson, T-Bone Walker)

Le piano – l’instrument noble par excellence – a aussi été très utilisé dans le blues par des musiciens qui se voulaient plus urbains et qui avaient des engagements dans des lieux fixes (cabarets, bars, cinémas muets). C’est parmi eux que se sont développés plusieurs styles originaux, le ragtime d’abord (venu des Caraïbes) et le boogie woogie, blues en huit mesures et exécuté à vive allure, qui sera l’ancêtre direct du Rock’n’roll. (Roosevelt Sykes, Memphis Slim, Otis Spann)

L’harmonica, d’abord un simple jouet pour enfants, a été amené aux Etats Unis par les migrants allemands. Facile pour une première approche, très transportable, peu onéreux, son succès a été très vite considérable. Les premiers enregistrements d’artistes noirs les montrent imitant des trains ou des animaux. Mais à partir du début des années 1930, l’harmonica s’insère dans des orchestres à Memphis (jug bands) puis à Chicago. Grâce à des musiciens audacieux et virtuoses, l’harmonica prend progressivement une grande place dans l’orchestre de blues (Hammie Nixon, John Lee “Sonny Boy” Williamson, Little Walter, Big Walter Horton…)

Saxophones, batterie, contrebasse, etc… proviennent essentiellement du jazz, une musique née à La Nouvelle Orléans qui a essaimé, connu un énorme succès populaire et fortement marqué les orchestres de blues.

Texte : Gérard Herzhaft / Blues sur Seine / Conseil Général des Yvelines.
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