Les racines de l’âme noire sur RFI

Les racines de l'âme noire sur RFI Dossier thématique

Extrait du site www.rfi.fr


Personne n’oserait aujourd’hui contester la valeur du regretté Ray Charles dans l’histoire des musiques populaires américaines. Créateur d’un idiome culturel majeur, la Soul-Music, il symbolise à lui seul l’émancipation religieuse de la communauté noire au tournant des années 60. En détournant les codes et rites des Negro-Spirituals, le «Genius» a bousculé l’une des formes d’expression séculaires de l’Amérique profonde.

Il ne faudrait cependant pas réduire la genèse de la Soul-Music à ce brillant symbole de résistance et de courage artistique… Bien avant que l’esprit frondeur de quelques instrumentistes audacieux ne redessine les contours du paysage sonore outre-Atlantique, les germes de cette quête identitaire nourrissaient déjà les répertoires sacrés et profanes. Il suffit d’écouter le blues de Blind Willie Johnson en 1928, les mots scandés du révérend Benny Campbell en 1938 ou l’humeur rock de Roy Brown en 1950, pour comprendre que la Soul-Music existait déjà dans le vocabulaire des orateurs d’antan.

Grâce aux recherches encyclopédiques du musicien, dessinateur, photographe et auteur, Bruno Blum, ces évidentes racines de l’âme noire rejaillissent à travers une sélection de 72 titres réunis dans le coffret «Roots of Soul» (Frémeaux & Associés) qui met en lumière la puissance émotionnelle du peuple noir durant la première moitié du XXème siècle.

Si cette anthologie Soul donne du relief à des classiques universels comme «Please, Please, Please» de James Brown, «These arms of mine» d’Otis Redding ou «Stubborn kind of fellow» de Marvin Gaye, il est plaisant de se plonger dans un patrimoine méconnu grâce aux archives dépoussiérées de Louis Jordan, Dinah Washington ou Sister Rosetta Tharpe. Au-delà de l’intérêt musicologique, ces œuvres parfaitement restaurées narrent le combat de valeureux interprètes au service de causes justes et dignes : le respect, l’égalité, le partage…