Nina Simone sur RFI

Nina Simone sur RFI Dossier biographique

Extrait du site www.rfi.fr


Remis au goût du jour, à la fin des années 80, à travers une publicité pour un parfum, le titre « My Baby Just Cares For Me » fut interprété à l’origine en 1958 par une jeune chanteuse afro-américaine de 25 ans, une certaine Nina Simone. Cette icône du XXème siècle fut une artiste contrariée. Elle voulait devenir concertiste classique, elle voulait être respectée, elle voulait être une femme considérée, mais elle était noire dans une société raciste. Alors, tout au long de sa vie, elle cherchera sa place, son statut, son rôle, et devra affronter les coups, les humiliations, les renoncements, mais restera jusqu’au bout une combattante.

10 ans après sa disparition, son aura est toujours intacte. Ses œuvres contestataires ont autant de poids qu’autrefois. Dans les années 60, faute d’avoir pu s’imposer dans l’univers classique, Nina Simone exprimera son aigreur et sa colère dans ses mots et son répertoire. Le 15 septembre 1963, la fronde sociale et raciale aux États-Unis atteint son paroxysme. Ce jour là, à Birmingham en Alabama, quatre jeunes filles périssent, brûlées vives, dans une église de la ville. Elles avaient le tort d’être noires, et de vivre dans un des Etats américains où sévissait le Ku Klux Klan, une organisation extrémiste fondée en 1865 destinée à maintenir la suprématie blanche dans le Sud des Etats-Unis. Cet attentat indignera la communauté noire, et provoquera une réponse immédiate et féroce de Nina Simone dans «Mississippi Goddam».

Les différents épisodes tragiques vécus par Nina Simone nourriront son militantisme jusqu’à l’obsession. Cette femme noire bafouée, meurtrie, n’a connu que la lutte pour les droits civiques, et emportera dans sa tombe cette rancœur tenace contre la domination blanche. L’un des hymnes de Nina Simone en 1970 s’intitule « Young, Gifted & Black ». Ce titre deviendra l’une des références absolues pour la jeunesse noire américaine qui s’interroge toujours aujourd’hui sur l’héritage politique de cette insatiable combattante.

Au milieu des années 70, Nina Simone va ressentir le besoin de se rapprocher du continent noir en se rendant dans plusieurs pays anglophones d’Afrique de l’Ouest, dont le Nigeria et le Libéria. Imprévisible, autoritaire, insatisfaite et tourmentée, Nina Simone était une personnalité complexe qui pouvait passer du rire aux larmes en quelques instants. Son charisme imposait le respect, mais sa fragilité psychologique déconcertait ou attendrissait ses interlocuteurs. Ces traits de caractère singuliers continuent de fasciner aujourd’hui…

Nina Simone nous a quittés, le 21 avril 2003, à l’âge de 70 ans. Félicitons-nous d’avoir à notre disposition une œuvre vibrante qui continuera de nous alerter sur les dérives raciales de notre temps.