“Backdoor Man” par Howlin’ Wolf

Attention : certaines paroles de blues et leur traduction peuvent ne pas être adaptées à un travail avec le jeune public.
Extrait de Blues Magazine n°62.


Ecrit par Willie Dixon pour Howlin’ Wolf et enregistré par ce dernier chez Chess à Chicago en 1960 sur la face B de Wang Dang Doodle, Backdoor Man est un classique du Chicago blues qui a été repris par de nombreux artistes, en particulier par les Doors, avec version très explicite sur la nature de la relation sexuelle. Il est a noter que le texte traduit ici et chanté par Chester Burnett diffère de celui qui figure dans l’autobiographie de Willie Dixon “I am the blues” (Da Capo – 1989).

Afficher les paroles et la traduction
BACKDOOR MAN
I am… a backdoor man

I am, a backdoor man

Well, the men don’t know
But the little girls understand

When everybody’s sound asleep,
I’m somewhere making my midnight creep.
Yes in the morning, when the rooster crows.
Something tells me, I got to go.

I am… a backdoor man (bis)

Well, the men don’t know
But the little girls understand

They took me to the doctor.
Shot full o’ holes.
Nurse cried, please save his soul.

‘Charged him with murder, first degree.
Judge’s wife cried. Let the man go free !
I am… a backdoor man (bis)

Well, the men don’t know
But the little girls understand

Cop’s wife cried. Don’’t take him down.
I’d rather be dead. Six feet in the ground.
When you come home you can eat pork and beans.

I eats mo’ chicken than any man ever seen
I am… a backdoor man

I am, a backdoor man

L’HOMME DE LA PORTE ARRIÈRE
Je suis un homme de la porte arrière
Je suis un homme de la porte arrière
Ouais, les hommes ne savent pas
Mais les petites comprennent

Quand tout le monde est endormi profondément,
Je suis dans le coin faisant ma sortie nocturne.
Oui le matin, quand le coq chante.Quelque chose me dit que je dois y aller.
Je suis un homme de la porte arrière (bis)
Ouais, les hommes ne savent pas
Mais les petites comprennent

Ils m‘ont emmené chez le docteur. Criblé de balles
L’infirmière pleurait, s’il vous plaît sauvez son âme.
J’ai été inculpé de meurtre au premier degré.
La femme du juge pleurait, libérez cet homme !
Je suis un homme de la porte arrière (bis)
Ouais, les hommes ne savent pas
Mais les petites comprennent

La femme du flic pleurait. Ne le descendez pas.
Je préférais mieux être morte. Six pieds sous terre.
Quand vous rentrez chez vous, vous mangez du porc et des haricots.
J’mange plus de poulettes qu’un homme n’a jamais vu
Je suis un homme de la porte arrière
Je suis un homme de la porte arrière

La forme de ce morceau est classique : le refrain comme introduction et trois couplets se terminant par ce même refrain, des rimes qui se suivent et une accentuation sur certains phonèmes pour lier l’ensemble. Le narrateur parle à la première personne, mais fait aussi parler les femmes pour donner encore plus de poids à son influence sur celles-ci. Lui, et lui seul comprend les femmes contre le reste des hommes. Dans le texte publié dans l’autobiographie de W. Dixon, le refrain est identique, mais le texte est moins fort et construit plus sobrement avec un enchaînement moins scandé.

Aux Etats Unis, dans la plupart des maisons, il y a une porte à l’arrière qui conduit dans le jardin : la backdoor conduit au backyard. L’amant qui ne souhaite pas être vu des habitants du quartier va bien entendu emprunter cette porte, et c’est le cas de note héros. L’expression Backdoor Man a été utilisée bien avant le texte de Dixon. Déjà, dans une chanson de Sara Martin en 1925, Strange Loving Blues, on retrouve l’expression. Il a aussi une autre façon de traduire backdoor, et c’est celle clairement annoncée par les Doors, à savoir la partie arrière de l’homme ou de la femme, la porte étroite pour parodier le titre d’un roman d’André Gide. On ne peut pas croire que W. Dixon n’y ait pas pensé en écrivant le texte. Ses autres textes étaient la plupart du temps à double sens.

Le refrain en introduction sert de résumé de l’histoire : je suis l’amant que les autres hommes ne connaissent pas, mais que les femmes, elles, comprennent parfaitement. Le premier couplet décrit les habitudes nocturnes du galant. Le second laisse entendre qu’il s’est fait trouer la peau par un mari jaloux, mais que même l’infirmière lui veut du bien. Dans le troisième, il est accusé de meurtre au premier degré… Le meurtre au premier degré signifie assassinat, c’est à dire qu’il y a eu préméditation, le plus important chef d’accusation. Et même dans cette situation, la femme du juge veut qu’on le libère, quelle emprise sur la genre féminine ! Dans le dernier couplet, il se moque des maris qui sont fiers d’avoir une femme leur préparant du porc et des haricots, pendant que lui se fait des quantités de poulettes. A chick, c’est une jeune femme. Comme dans Hoochie Coochie Man, on ne peut pas dire que la modestie du narrateur soir sa première qualité, mais Howlin’ Wolf était en concurrence avec M. Waters et, vu sa stature de colosse et sa voix grave, il pouvait se permettre de faire le fanfaron.

Texte : Patrice Gandois / Blues Magazine. Publié avec l’aimable autorisation de Blues Magazine. Tous droits réservés.