“One meat ball” par Josh White

Attention : certaines paroles de blues et leur traduction peuvent ne pas être adaptées à un travail avec le jeune public.
Extrait de Blues Magazine n°74


Enregistré avec sa seule guitare par Josh White, pour Asch Records le 6 septembre 1944, ce morceau fut un des plus grand succès au milieu des années 40, durant la période de renouveau du folk, et la meilleure vente de cette maison de disques. Composé par Lou Singer et écrit par Hy Zaret, ce titre sera le début, pour eux, d’une longue coopération musicale. One Meat Ball sera interprété par des artistes aussi différents que les Andrew Sisters, Bing Crosby, Lightnin’ Hopkins, Ry Cooder ou Calvin Russell.


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ONE MEAT BALL
The little man walked up and down
To find an eating place in town
He read the menu through and through
To see what 15 cents could do

One meat ball
One meat ball
He could afford but one meat ball

He told the waiter near at hand
The simple dinner he had planned
The guests were startled, one and all
To hear that waiter loudly call

What ? One meat ball
One meat ball
Hey this here gent wants one meat ball

The little man felt ill at ease

He said some bread sir If you please
The waiter hollered down the hall
You gets no bread with one meat ball

One meat ball
One meat ball
Well, you gets no bread with one meat ball

The little man felt very bad
One meat ball was all he had

And in his dreams he hears that call
You gets no bread with one meat ball

One meat ball
One meat ball
Well, You gets no bread with one meat ball

UNE BOULETTE DE VIANDE
Le petit homme arpentait la ville

Pour trouver un endroit où manger
Il lut le menu de long en large

Pour voir ce qu’il pouvait avoir pour 15 cents.

Une boulette de viande
Une boulette de viande
Il ne pouvait se payer qu’une boulette de viande

Il indiqua au serveur à proximité
Le simple diner qu’il avait prévu
Les clients furent tous surpris sans exception
D’entendre ce serveur dire à haute voix

Quoi ? une boulette de viande
Une boulette de viande
Hé, ce monsieur ici veut une boulette de viande

Le petit homme se sentit mal à l’aise
Il dit du pain, monsieur, s’il vous plaît
Le serveur hurla à travers la salle
Vous n’avez pas de pain avec une boulette de viande

Une boulette de viande
Une boulette de viande
Eh bien, vous n’avez pas de pain avec une boulette de viande

Le petit homme se sentit très mal
Une boulette de viande c’était tout ce qu’il avait
Et dans ses songes il entend ce cri
Vous n’avez pas de pain avec une boulette de viande

Une boulette de viande
Une boulette de viande
Eh bien, vous n’avez pas de pain avec une boulette de viande

La première remarque sur l’interprétation de Josh White, c’est la qualité de sa diction et la non ambiguïté sémantique que l’on trouve habituellement dans les textes de Blues. Dans des versions suivantes, on trouvera des modifications mineures du texte, mais l’esprit restera. Nous ne sommes pas dans un Blues rural avec une connivence entre le chanteur et le public, mais dans une transmission vers un public blanc intéressé par les réalités vécues par les noirs ou les pauvres. C’est aussi le début de l’American Folk Music Revival (1940-1965) qui conduira certains Bluesmen vers la célébrité, comme Leadbelly ou Big Bill Broonzy.

Les paroles sont simples, sans double sens, tout le monde peut s’identifier même si le terme little man peut sous-entendre homme noir. Ce texte parle de l’humiliation universelle et intemporelle de la pauvreté ; quand l’homme face à vous est dédaigneux et condescendant face à votre indigence.

Le plus surprenant dans ce morceau est son origine. Un certain nombre de sources concourent à situer le point de départ à l’université d’Harvard à Boston. Elijah Wald, le biographe de Josh White confirme cette thèse. George Martin Lane (1823-1897), étudiant puis professeur de latin dans la prestigieuse université, a écrit une sorte de fable intitulée The Lay of the Lone Fish Ball (le poème de la boulette de poisson solitaire), qui narre les mésaventures d’un homme désargenté au restaurant, et qui n’obtient pas de pain avec sa seule boulette de poisson. Ce texte deviendra d’abord un chant pour étudiants. Puis, deux autres résidents d’Harvard s’en serviront pour écrire un opéra burlesque italien, il Pescebello. Et, c’est en entendant quelqu’un chanter la partie One Fish Ball que les auteurs auraient eu l’idée de composer ce morceau pour Josh White, en transformant le poisson en viande… Décidément, les voies de l’inspiration sont impénétrables !

Texte : Patrice Gandois / Blues Magazine. Publié avec l’aimable autorisation de Blues Magazine. Tous droits réservés.

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par Patrice Gandois

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